Et si on parlait un peu d’entreprise libérée ? Avoir de bonnes conditions de travail, c’est important. Mais cela ne fait pas tout. Une fois que nous avons mis nos collaborateurs dans de bonnes conditions physiques de travail, il est probable que certaines idées commencent à émerger. La transformation a démarré. Nous avons besoin maintenant d’un processus de validation performant pour ne pas bloquer les idées et leur permettre de voir le jour.
Avant l’entreprise libérée : l’exaspération
Hélas, trop d’entreprises fonctionnent avec un système complexe de validation. Un opérateur a une idée, s’il ose la faire remonter à son supérieur, il faudra attendre la prochaine réunion avec le grand chef pour obtenir une autorisation. L’idée n’est pas défendue par la personne qui en est à l’initiative, et le projet tombe à l’eau. On peut réaliser l’opération quelques fois, ensuite le travailleur va se fatiguer de ces échecs et évitera soigneusement de proposer ses prochaines idées. Non pas pour faire du tord à l’entreprise, mais pour éviter d’être déçu à nouveau, il se protège.
Qu’est-ce que l’entreprise libérée ?
On parle d’entreprise libérée pour dire qu’elle est libérée de son management. C’est un sujet qu’a étudié Isaac Getz et qu’il promeut largement au sein du management français. On parle d’horizontaliser la hiérarchie, de libérer les prises de décisions et de se laisser guider par le bon sens et une vision commune.
D’après Alexandre Gérard, chez Chronoflex dans le documentaire d’Arte “Bonheur au travail”, les trois différences entre une entreprise classique et une entreprise libérée sont :
- L’information est détenue par les personnes créant de la valeur, et non plus par le pouvoir. C’est la démocratisation de l’information qui délivre une liberté d’action.
- Puisque la richesse est faite par les équipes opérationnelles, la prise de décision se fait par les personnes qui créaient de la valeur.
- La voix de toutes les personnes qui créaient de la richesse est supérieure à celle du propriétaire de l’entreprise.
Attention, il est très facile de croire que nous sommes dans une entreprise libéré. Sur le papier, plusieurs dirigeants vous dirons “chez nous on fonctionne déjà comme ça”. Mais en vrai, il est assez rare de réussir à réunir tous les éléments pour que la parole se délie, pour que les actes et choix soient vraiment libres. Je préfère penser que tant qu’il ne se passe pas de miracle dans l’entreprise, elle n’est pas encore totalement libérée. Ce que j’appelle un miracle, ce sont des initiatives prises par les salariés sans demander la permission, spontanément, pour le bien de l’entreprise et du client.
Le fonctionnement des entreprises libérée fait rêver bien des entrepreneurs. Pourtant la transition est longue et fastidieuse. Elle doit se faire dans la discrétion et la douceur. Heureusement plusieurs entreprise étant déjà passées par là partagent leur expérience pour faciliter le passage des prochaines. Chaque modèle est unique et dépend entièrement de la culture d’entreprise.
Les 3 populations touchées par la transformation
L’équipe de direction est celle qui prend la décision de cette transition. Après une phase d’information discrète, et de rencontres passionnantes, elle souhaite effectuer le virage. Elle sait que la période de transition sera longue et va demander un effort constant pour créer de nouveaux repères. Mais au fond d’elle, la direction espère avec soulagement ne plus être utile à l’entreprise et pouvoir la laisser vivre en autonomie.
Les managers sont ceux qui ont du mal à trouver leur place dans le nouveau système. Ils vont devoir passé du statut de privilégiés à celui de jardinier. Ils ne doivent plus demander des comptes en permanence à leurs équipes. Le manager se met maintenant au service de son équipe, comme un jardinier arrose une belle plante. Un tout autre mécanisme.
Enfin, les travailleurs se voient obtenir la confiance de leur direction. Ils étaient au bas de l’échelle, et prennent à présent une place centrale dans le circuit de la prise de décision. Certains ne le vivront pas bien, mais la grande majorité se sentira honorée de cette confiance.